Compte rendu des plantations de vergers

4 et 11 novembre 2023

Sauvons nos vergers !

Il y a quelques décennies, la plupart des villages vaudois étaient entourés d’une ceinture de vergers à haute tige. Cette structure arborée d’arbres fruitiers donnait à ces milieux un aspect de savane, avec un boisement lâche au-dessus d’une prairie riche en fleurs. Depuis le milieu du siècle passé, les vergers à haute tige de nos campagnes se sont raréfiés comme peau de chagrin. On estime en effet qu’en Suisse on comptait 14 millions d’arbres de vergers en 1951, alors qu’il n’y en avait plus que 2,4 millions en 1999, soit une diminution de plus de 80%. La progression et la mécanisation de l’agriculture y sont pour beaucoup, mais il faut également citer les primes d’abattage versées par la Régie fédérale des alcools dans le but de lutter contre la consommation d’alcool avec un maximum dans les années 1960. Ces dernières décennies, ce sont surtout l’extension des zones à bâtir en périphérie des villages qui ont été la cause principale de disparition des zones de vergers.

Présents à côté des habitations, les vergers étaient à l’origine dévolus à la consommation personnelle, mais par la suite, leur production a pu être consacrée à la vente et à la fabrication de jus de fruits et d’eaux-de-vie. Le sol était parfois consacré à la culture potagère ou de plein-champ, mais par la suite la prairie est devenue nettement dominante.

Ce qu’on sait moins, c’est que les vergers sont des hauts-lieux de biodiversité. Ils abritent un nombre considérable d’espèces car ils présentent des caractères forestiers grâce à leurs arbres à haute tige et des caractère prairiaux par la structure de leur strate herbacée. Ils peuvent abriter près de 35 espèces d’oiseaux nicheurs, dont certaines très rares et gravement menacées. C’est le cas par exemple de la Chevêche d’Athéna, ou Chouette chevêche, de la Huppe fasciée, du Torcol fourmilier ou encore du Rougequeue à front blanc. C’est également un milieu de choix pour les mammifères, comme le loir, le hérisson, ou les chauve-souris, les insectes, en particulier les syrphes, les abeilles sauvages et de nombreux coléoptères dont les larves dépendent de vieux troncs.

Les vergers traditionnels sont donc des refuges de vie exceptionnels pour autant qu’ils présentent un certain nombre de qualités indispensables à l’expression de cette biodiversité. Parmi celles-ci, mentionnons les très vieux arbres, riches en cavités et les petits biotopes associés comme les vieux murs ou encore les tas de branches.

Dans le but de conserver des surfaces de vergers et de renouveler les arbres qui les constituent, deux journées de plantation ont été mises sur pied par le Groupe Ornithologique de Baulmes (GOBE) et le Cercle Ornithologique et de Sciences Naturelles d’Yverdon (COSNY). 72 arbres à haute tige issus de variétés régionales rares et menacées et élevées par l’association Retropomme ont pu être plantés par les bénévoles les 4 et 11 novembre derniers dans des vergers de Champagne, Bonvillars, Onnens et Baulmes. L’action a été rendue possible grâce à un financement de Birdlife suisse, à l’occasion de ses 100 ans, de Pro Natura Vaud et de Regio21. Grâce à un entretien régulier et adéquat, ces arbres contribueront à maintenir l’intérêt essentiel de nos vergers dans le maintien de la biodiversité.